RENCONTRE MONDIALE SUR LA FRATERNITÉ HUMAINE « PAS SEUL » (#NOTALONE)
DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS
Place Saint-Pierre
samedi 10 juin 2023
Chères sœurs et chers frères, bonjour.
Bien que je ne puisse pas vous recevoir personnellement, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie du fond du cœur pour votre présence. Je suis heureux de pouvoir réaffirmer avec vous le désir de fraternité et de paix pour la vie du monde. Un écrivain a mis ces mots sur les lèvres de François d'Assise : « Le Seigneur est là où sont tes frères » (E. Leclerc, La sagesse des pauvres, 59). Vraiment, le ciel sous lequel nous sommes nous invite à cheminer ensemble sur terre, à nous redécouvrir comme frères et à croire en la fraternité comme dynamique fondamentale de notre pèlerinage.
dans l'encyclique Tous frères J'ai écrit que "la fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l'égalité" (n. 103), car celui qui voit un frère voit dans l'autre un visage, pas un numéro : c'est toujours "quelqu'un" qui a une dignité et qui mérite le respect , et non "quelque chose" qui peut être utilisé, exploité ou jeté. Dans notre monde déchiré par la violence et la guerre, les bricolages et les ajustements ne suffisent pas : seule une grande alliance spirituelle et sociale qui naît des cœurs et s'articule autour de la fraternité peut remettre les relations au centre de la sacralité et de l'inviolabilité de la dignité humaine.
Pour cette raison, la fraternité n'a pas besoin de théories, mais de gestes concrets et d'options partagées qui la rendent culture de la paix. La question que nous devons nous poser n'est donc pas ce que la société ou le monde peut me donner, mais ce que je peux donner à mes frères et sœurs. De retour à la maison, réfléchissons à quel geste concret de fraternité nous pouvons accomplir : réconcilier avec la famille, les amis ou les voisins, prier pour ceux qui nous ont fait du mal, reconnaître et aider ceux qui sont dans le besoin, apporter une parole de paix à l'école, à l'université ou la vie sociale, oindre quelqu'un qui se sent seul avec notre proximité.
Sentons-nous appelés à appliquer le baume de la tendresse dans les relations qui se sont érodées, tant entre les individus qu'entre les peuples. Ne nous lassons pas de crier « non à la guerre », au nom de Dieu ou au nom de tout homme et de toute femme qui aspire à la paix. Je me souviens de ces vers de Giuseppe Ungaretti qui, en pleine guerre, ressentait le besoin de parler des frères comme d'une «Parole tremblante / dans la nuit / Feuille à peine née». La fraternité est un bien fragile et précieux. Les frères sont une ancre de vérité dans la mer orageuse des conflits qui sèment le mensonge. Les évoquer, c'est rappeler à celui qui se bat, et aussi à nous tous, que le sentiment de fraternité qui nous unit est plus fort que la haine et la violence, en fait, il nous unit tous dans une même douleur. C'est de là qu'on part et qu'on repart, du sens de « se sentir ensemble », une étincelle qui peut rallumer la lumière pour arrêter la nuit des conflits.
Croire que l'autre est frère, appeler l'autre « frère » n'est pas un vain mot, mais la chose la plus concrète que chacun de nous puisse faire. En fait, c'est s'émanciper de la misère de se croire enfants uniques au monde. Cela signifie, en même temps, choisir de surmonter la logique des partenaires, qui ne sont ensemble que par intérêt ; sachant aussi dépasser les limites du sang ou des liens ethniques, qui ne reconnaissent que ce qui leur ressemble, mais rejettent ce qui est différent. Je pense à la parabole du Samaritain (cf. www.vatican.va/content/francesco/es/messages/sick/documents/20211210_30-giornata-malato.html 10:29-37), qui s'arrête avec compassion devant le Juif qui a besoin d'aide. Leurs cultures étaient ennemies, leurs histoires différentes, leurs religions hostiles les unes aux autres, mais pour cet homme la personne trouvée sur la route et son besoin étaient avant tout.
Quand les hommes et les sociétés choisissent la fraternité, les politiques changent aussi : la personne l'emporte à nouveau sur le profit ; la maison commune que nous habitons tous, sur l'environnement qui est exploité pour ses propres intérêts ; le travail est rémunéré au juste salaire ; l'accueil devient richesse ; la vie, dans l'espérance ; La justice ouvre à la réparation et la mémoire du mal causé guérit dans la rencontre entre les victimes et les coupables.
Chers frères et sœurs, je vous remercie d'avoir organisé cette rencontre et d'avoir donné vie à la "Déclaration sur la fraternité humaine", rédigée ce matin par les distingués lauréats du prix Nobel présents. Je pense qu'il offreune grammaire de la fraternité » et être un guide efficace pour le vivre et en témoigner chaque jour de manière concrète. Ils ont très bien travaillé ensemble et je les en remercie beaucoup. Faisons en sorte que ce que nous avons vécu aujourd'hui soit le premier pas d'un chemin et puisse enclencher un processus de fraternité : les places reliées entre elles de différentes villes du monde, que je salue avec gratitude et affection, témoignent de la richesse de la diversité et la possibilité d'être frères même quand nous ne sommes pas proches, comme cela m'est arrivé. continuer.
Je voudrais te dire au revoir en te laissant une image, celle avec le câlin. De cet après-midi que nous avons passé ensemble, je vous demande de garder dans votre cœur et dans votre mémoire le désir d'embrasser les femmes et les hommes du monde entier pour construire ensemble une culture de la paix. La paix, en effet, a besoin de fraternité et la fraternité a besoin de rencontre. Que l'étreinte donnée et reçue aujourd'hui, symbolisée sur la place où ils sont réunis, devienne un engagement de vie. Et dans la prophétie d'espoir. Je vous embrasse moi-même et, tout en vous renouvelant ma gratitude, je vous dis du fond du cœur : je suis avec vous.